Promouvoir les chaînes de valeur et des clusters en Algérie : Approche structurante pour le développement économique local

  • Création : 5 avril 2021

En suivant le fil d’actualités riche et varié consacré aux stratégies de développement économique présentées par différentes contributions d’experts, il m’a semblé opportun d’enrichir les approches présentées dans les différents articles de presse, pour apporter une contribution positive et concrète, visant à impulser une dynamique et une nouvelle vision participative, inspirée d’un modèle économique impliquant Groupements économiques érigés en pôles de compétitivité et/ou clusters qui ont vu leur rayonnement dans le monde.

«Il s’agit précisément d’un changement de paradigme du monde économique en cours.»

Un cluster s’entend généralement comme la traduction de la capacité et de la volonté des PME à se mobiliser pour valoriser ensemble leurs complémentarités et leurs atouts, géographiques et sectoriels.

Il s’entend comme une concentration régionale ou d’entreprises, voire sectorielles, de nature complémentaire, afin de nouer des alliances et des partenariats, adossés à de chaînes de valeur de filières industrielles et/ou sectorielles (ex : le tourisme, la mécanique de précision, l’énergie solaire, le numérique, etc.), reliés à un écosystème public/privé, régi par des pratiques de réseautage, d’innovation et de mutualisation.

L’éclairage sur ce concept de cluster incontournable pour l’organisation des filières, largement usité dans le monde, a vu son rayonnement dans les pays développés, à l’instar de Silicon Valley, en Californie, le district manufacturier, en Italie, les grappes industrielles au Québec et «les pôles de compétitivité» et clusters en France.

Aujourd’hui, dans le contexte actuel de fragmentation des chaînes de valeurs mondialisées, favorisant les relocalisations d’IDE, les clusters sont devenus des instruments de développement économique fondés sur le fameux «triangle d’or» qui symbolise la mise en relation au niveau d’un territoire, en vue de faciliter la «fertilisation croisée » entre scientifiques, acteurs économiques et décideurs locaux, appelé « triangle d’or», renforçant leur potentiel et l’innovation par une concertation participative.

 

Les clusters sont devenus un instrument innovant du développement économique dans le monde, qui compte des milliers de clusters, fondés sur :
• Des politiques sectorielles : agricole, industrielle, de la technologie, sur un fond d’aménagement du territoire et du développement économique local ;

• Des politiques de développement du secteur privé, visant à booster leurs capacités à s’organiser par secteurs, filières d’activités dans la chaîne de valeur et en partenariat avec les institutions publiques.

L’incursion progressive en cours des clusters en Algérie, soutenue par les différents programmes initiés par le ministère de l’Industrie, et les pouvoirs publics, accompagnés par la coopération avec l’Union européenne, encourageant le développement des groupements, économiques sans but lucratif, tout en gardant à l’esprit les spécificités qui lui sont propres, mais génère des profits pour ses membres en développant leurs activités.

La mise en place d’un statut idoine, en harmonie avec les objectifs fixés qu’on peut citer pour les groupements de cluster et aussi les technopoles ,assimilés à un espace concentrant des activités de haute-technologie.

Des propositions de codification d’activités ont été soumises pour lever des contraintes dont :

– La promotion des chaînes de valeurs sectoriels et industriels ainsi que l’ensemble des espaces intégrés et aménagés pour accueillir des activités dans le domaine de la formation et la recherche scientifique et technologique ou la promotion.

– Une étude internationale a montré que la grille de lecture des clusters offre également une bonne visibilité des enjeux technologiques et économiques actuels à l’échelle internationale ; les cinq domaines retenus pour classer les clusters mondiaux (mobilité et sécurité ; santé – sciences de la vie ; industries créatives ; science de l’information – TIC – nanotechnologies ; environnement – énergie – BTP), induisant une forte convergence sectorielle ou technologique entre les grandes régions mondiales aux positionnements et enjeux similaires.

L’organisation des clusters en Algérie

Chez nous, il existe six clusters, érigés en interclustering, dont l’effet d’incubation commence à porter ses fruits, en s’impliquant dans la promotion d’un nouveau climat favorable au développement des chaines de valeurs et clusters sectoriels.

Érigés en groupements économiques : le cluster de l’Energie solaire, le cluster numérique, Algeria Tourism cluster, le consortium des huiles essentielles, le cluster mécanique de précision, présidé par l’actuel président du Conseil national de la PME et le cluster Dattes (en cours de constitution) ; pratiquement tous hébergés dans les centre de facilitation au niveau des willayas, favorisant les synergies croisées, formant une véritable force de proportion.
Le réseautage est le pilier de ce nouveau concept organisationnel, qui bat en brèche les organisations classiques, en innovant dans la partage de l’information et le décloisonnement des acteurs enfermés souvent dans des schémas obsolètes. Ce qui permet d’encourager les acteurs économiques par le fait de s’arrimer au chaînes de valeur mondiales, encourageant les relocalisations, impulsées par la pandémie due au Covid-19.

– Quelles sont les filières génériques à fort potentiel d’intégration: Pour étayer de manière concrète notre plaidoyer pour la promotion de chaînes de valeurs industrielles, nous citerons les secteurs à fort potentiel d’intégration et d’innovation ;

– Secteur de l’énergie solaire : Cette filière est considérée comme un secteur en pleine expansion avec des taux de croissance importants, dont l’avantage est de ne pas produire de pollution : l’existence d’un cluster éponyme contribue à fédérer les acteurs de l’écosystème et intégrer un tissu national de tissu traitance, au même titre que le cluster de la mécanique de précision, présidé par le président du Conseil national de la PME, renforçant notre écosystème.

Ne dit-on pas que c‘est «une pile à ciel ouvert» dont la source d’ énergie est disséminée sur tout un territoire continent.

 

– Secteur des ressources minières : produits dérivés : la chaîne de valeurs dans ce secteur trouve une large utilisation en agriculture déclinée dans la gamme des produits chimiques dérivés et applications dérivées, comme l’acide phosphorique et dans l’industrie des détergents, comme le tripolyphosphate de sodium (STTP).

– La valorisation d’hydrocarbures : d’immenses gisement de projets la production de polyéthylène dans la filière boisson, à fort taux d’intégration pour les eaux embouteillées, cette dernière sous filière à faible valeur ajoutée étant organisée autour du cluster boisson-agrologistique, alors qu’on utilise dans l’industrie des boissons (plus de 150 000 tonnes de PET) dont une faible partie produite localement par une filiale de SH.

– Filière textile : les inputs pour l’industrie textile proviennent en majorité de fibres synthétiques (acrylique, polyester…).

– Le secteur de la pêche, secteur très dynamique qui se structure dans cette optique.

Autres secteurs porteurs : les filières génériques de l’industrie pétrochimique, celle du textile et le cluster de la mécanique qui joue un rôle structurant pour booster la sous-traitance.

Le secteur du tourisme s’organise autour de groupement (Algeria Cluster Tourism) réunissant les acteurs publics-privés.

-Le Agropoles dans l’industrie agroalimentaire connectés à l’amont agricole, encourage l’intégration de la production locale (concentres, aromes, PET…), via la présence d’acteurs de premier rang qui fournissent l’emballage, les producteurs d’arômes et concentrés locaux, le consortium des huiles essentielles et de plantes aromatiques (membre de l’interclustering) et les prestataires de la logistique,

La chaîne logistique est incontournable. A cet effet, il faut souligner, à l’initiative du cluster Boisson-agrologistique en initiant le backhauling ou utilisation des camions lors de leur trajet retour à vide, organisées entre compétiteurs d’une même filière générant des économies d’échelle et des moins-values de coût ; de même, nous prévoyons le groupage des centenaires à l’export, autre challenge à réussir et diminuer le coût du fret, notamment dans la perspective de la zone de libre échange africaine pour créer un véritable HUB à l’export.

Perspectives et enjeux économiques

A ce jour, l’heure est à la recherche de la compétitivité et de l’innovation, en passant d’une logique individuelle à une logique collective. C’est là où nous avons perçu les enjeux de la mondialisation où la concertation, le management participatif prend tout son ampleur pour fédérer les agents économique et l’écosystème intégrant les acteurs économiques, les représentants des ministères, les institutions économiques (CACI, ALGEX, ANDI, CCIS, ANDPME,CNCPME …) sans oublier les unités de recherche universitaire.

C’est dans l’organisation des filières en groupement érigés en cluster, orientées vers le partage, le décloisonnement et la mutualisation des compétences, biens et services, que nous inscrivons notre charte managériale, une amorce vers des horizons où la finalité est de fédérer les acteurs économiques de même filière et leur environnement institutionnel, en encourageant les IDE.

L’attractivité des territoires conçue autour de cette stratégie de DEL, de promouvoir les chaînes de valeurs sera un atout dans cette politique de promotion des investissements, en reconfigurant le rôle des agences dédiées à cet effet, vers la valorisation des ressources naturelles, de cartographie des richesses, en créant un environnement idoine pour servir de réceptacle aux opportunités d’investissement et de création d’emplois pour nos jeunes.

Les enjeux : Créer des réseaux interconnectés, de partage et de projets collaboratifs : une opportunité inédite pour l’Algérie de s’arrimer au monde de la connaissance et du progrès.

– Renforcer le rôle des clusters dans les processus d’innovation et stimuler le développement des start-ups et les clusters technologiques émergents, en élargissant leur réseautage national et international.

– Fournir un soutien aux clusters à créer et un climat favorable à leur éclosion, notamment par une fiscalité et un statut appropriés, en vertu de leur qualité de groupement sans but lucratif, lesquels font partie des adaptations au contexte actuel.

C’est dans cette vision alliant stratégie économique et réformes structurelles, visant un modèle économique et un paradigme de rupture, autour de la promotion de chaînes de valeurs et des filières industrielles, que vont se cristalliser les clusters, les pôles de compétences et de l’innovation, d’ingénierie, favorisant l’émergence d’une économie de la connaissance, basée sur la recherche développement, la mobilisation de l’intelligence collective, seule matière première durable et renouvelable et sources pérennes de croissance économique hors hydrocarbures et de création d’emplois.

 

Par Mourad Bouattou

Président du cluster boisson-agrologistique

Président d’Algeria Clusters

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