Deux semaines après l'avis de la commission de l'Inao de maintenir l'obligation du lait cru dans la fabrication de l'AOC camembert de Normandie, Lactalis a signalé en fin de semaine dernière au Ministère de l'Agriculture un lot de camembert de la Fromagerie Réaux dans lequel il affirme avoir décelé des bactéries pathogènes.
Dans son communiqué daté de samedi 29 mars, le Ministère de l'Agriculture précise que le groupe laitier Lactalis a transmis le jour même à la Direction Générale de l'alimentaire « les rapports d'essais complets confirmant cette présence ».

De son côté, Bertrand Gillot, p-dg de la Fromagerie Réaux basée à Lessay (Manche) a déclaré à l'AFP « Nous faisons l'objet d'une attaque, c'est un procédé révoltant de la part d'un concurrent qui a fait un prélèvement qui est vraisemblablement trafiqué ». La société a fait réaliser de nouvelles analyses par le laboratoire AQMC de Montpellier qui n'ont pas détecté de contamination anormale du lot suspect. « C'est une nouvelle manœuvre dans le cadre de la ‘guerre du camembert', entre les partisans du lait cru et ceux qui veulent supprimer le lait cru. C'est une opération de déstabilisation", a dénoncé Bertrand Gillot.

Les produits incriminés (lot n°V026) dont la DLUO était au 20 mars 2008, ne sont plus en vente depuis une dizaine de jours. Mais le Ministère a lancé à titre de précaution un appel pour que les consommateurs rapportent les produits dans les points de ventes où ils ont été achetés.
Pour rappel, à l'automne 2005, la contamination par E.coli O26 de camemberts au lait cru AOC de Réaux a provoqué l'hospitalisation de six enfants âgés de 10 mois à deux ans. Cette crise a servi d'argument à Lactalis, associé à Isigny, pour vouloir introduire dans le cahier des charges de l'AOC Camembert de Normandie des mesures de prévention comme la thermisation ou la micro-filtration.

AOC préservée. Les producteurs de camembert au lait cru ont obtenu mi-mars que le camembert AOC de Normandie reste fabriqué à partir de lait cru dans un avis non-officiel de la commission de l'Inao en charge du dossier. Mais pour devenir officielle, cette décision doit être confirmée d'ici l'été 2008 par l'assemblée plénière du comité national des AOC à Paris.

Source : http://www.editionsduboisbaudry.fr