À CRÉMONE, dans la patrie des luthiers, le Pô est tombé sept mètres en dessous de son niveau habituel. Le débit du grand fleuve a fondu à 379 mètres cubes par seconde contre une moyenne annuelle de 953 m3/s durant les quatre-vingts dernières années. À Salo, où Mussolini avait établi sa « république sociale » fantoche à la fin de la guerre, le lac de Garde a baissé de dix centimètres en un mois. Par rapport à la moyenne de 2006, le lac Majeur, autre grand réservoir du Pô, connaît un déficit de 60 millions de m3 d'eau.Une grave crise hydrique couve dans tout le nord de l'Italie. Depuis septembre, les réserves ont diminué de 20 à 50%. Juin s'annonce torride.

Selon le comité de surveillance du Pô, l'eau potable pourrait manquer dans certaines communes riveraines. L'Institut de recherche appliquée sur l'état de la mer (Icram) s'attend au retour massif des algues qui asphyxient la végétation marine en Adriatique. Toutes les côtes risquent d'être atteintes, de l'Emilie-Romagne jusqu'aux Pouilles. Dans certains ports, les pêcheurs ont déjà du mal à jeter leurs filets. Les producteurs de fruits et de maraîchers redoutent une catastrophe. Les éleveurs s'attendent au pire. Luca Cordero di Montezemolo, le président de la Confindustria, craint que de nombreuses usines soient contraintes de fermer cet été, faute d'énergie. L'hydroélectricité représente 18% des approvisionnements en Italie.