Un tracteur « écolo » qui fait la roue … dans les rizières
- Création : 26 août 2008
Le Cirad vient de mettre au point un concept roues-tracteurs qui intervient aussi bien en cultures sèches que dans les zones irriguées de rizières. Il permet aussi d’importantes économies d’énergie et préserve l’environnement.
Quelques mises au point techniques…
Dans un premier temps, une étude de la portance des sols a été effectuée. Il s’agissait de mesurer la dureté (1kg par cm2) de la semelle de la rizière dite en Camargue « le plafond » , (entre 15 et 20 cm de profondeur) mais aussi des terres plus basses que la mer et à fort taux d’argile. « Le tracteur doit prendre appui sur la semelle sans s’embourber comme c’est souvent le cas avec les roues en fer », précise le technicien. Il a fallu ensuite adapter des pneumatiques au tracteur qui permettent de rouler sur cette semelle sans la casser. La roue a été dotée d’un assez grand diamètre et volume d’air tout en restant assez étroite pour ne pas écraser les cultures. La pression de gonflage restant alors inférieure ou égale à la dureté de la semelle de la rizière. La puissance du tracteur a pu également être allégée. |
« Mon premier objectif était de préparer le remplacement des traitements aériens par des traitements terrestres, dans le travail des rizières » explique Gilbert Lannes *, technicien de recherche au Cirad et créateur du concept. Les épandages phytosanitaires par voie aérienne sont en effet appelés à disparaître : ils manquent de précision, sont tributaires du vent et sources de pollution (dérives de produits phytosanitaires sur autres parcelles ou milieu naturel).
Gilbert Lannes a donc choisi d’adapter des roues pneumatiques aux tracteurs, en remplacement des roues squelettes en fer traditionnellement utilisées pour rouler dans l’eau mais désormais limitées par le poids des tracteurs. Les semis ou traitements phytosanitaires peuvent alors s’effectuer directement dans les rizières ou sur les sols secs des champs de céréales.
Depuis 2004, dans les laboratoires du Cirad de Montpellier puis en Camargue, il élabore et affine le système qui a été pour la première fois mis en pratique cette année dans une exploitation de 300 hectares de riz et blé, en Arles.
Des bénéfices environnementaux majeurs
Les avantages sont multiples et non des moindres pour l’environnement. La pollution engendrée par les épandages aériens est supprimée grâce à ce tracteur qui roule dans l’eau comme sur la terre ferme et auquel on peut ajouter un chariot suiveur porte-outil aux pneumatiques adaptés.
L’efficience du traitement est nettement améliorée que ce soit pour le riz ou le blé des terres camarguaises. Le poids total en charge du tracteur est bien plus faible. Les risques d’embourbement sont quasi nuls et le moteur ne peine plus ce qui diminue considérablement le taux d’usure de la machine rendue plus souple et confortable à manier.
Le gain de temps pour l’agriculteur dans ses déplacements sur les chemins est aussi important.
Un autre impact environnemental qui n’est pas à négliger est bien l’économie de gazole qui s’élève à 40 % par rapport à l’ancien système des roues squelettes en fer.
* UMR (Unité mixte de recherche) G-Eau
Source : www.cirad.fr