M. Christian Pèes, Président d'Eurolis

  • Création : 25 mai 2007
Christian Pèes est président d'Eurolis, grande coopérative agricole du Sud-Ouest, et auteur de ' L'Arme alimentaire : les clés de l'indépendance ' (Le Cherche-Midi, janvier 2007).

"Du fait des données macro-économiques. Rien que la demande alimentaire, sans parler de la production d'énergie, va nous amener à doubler la production agricole de la planète.

De toute évidence, la France a une place à jouer, puisqu'elle a la chance d'avoir des territoires agricoles que d'autres zones très peuplées - comme la Chine - n'ont pas. Deuxièmement, tous nos savoir-faire ancestraux en produits de qualité ont leur place. Nous devons servir ce marché, avec des niches plus ou moins grandes. Si l'on ajoute la production de biomasse, l'agriculture française a de l'avenir.

Imaginer une agriculture sans subventions, C'est une question délicate. Nous pouvons effectivement envisager une agriculture sans subventions en France s'il n'existe aucune subvention sur la planète. Or nous connaissons des distorsions de concurrence sociales ou environnementales. Nous pouvons vivre sans subventions mais sans régulation, non.

En agriculture, le seul marché ne peut pas tout arbitrer. La production agricole comporte un caractère aléatoire. Le rapport offre-demande varie de façon brutale en agriculture. Tout cela signifie qu'il nous faut des régulations parce que l'objectif est de nourrir des gens. Puis il faut gérer l'enjeu environnemental. Une renationalisation des aides ne serait pas une bonne chose car elle remettrait en compétition les pays européens et provoquerait des distorsions de concurrence. Ce serait une régression fondamentale. Des aides nationales pourraient compléter les aides communautaires. On peut avoir des aides spécifiques qui correspondent à des cahiers de charges spécifiques sur des problèmes environnementaux ou de qualité particulière. Mais la base doit rester. Sans être devin, on voit bien que le soutien tel qu'il s'exprime aujourd'hui est très décrié. Mais ce soutien est tout relatif : 0,4 % seulement du PIB européen va à l'agriculture. Aujourd'hui, force est de constater qu'on va vers une baisse de la garde sur la PAC. Il y aura un comportement individuel des pays. Je ne doute pas que certains feront des efforts et d'autres non. Cela ne m'apparaît pas aller dans le bon sens".

Source : www.latribune.fr

 

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