France, une récolte céréalière hors normes pour 2016

  • Création : 5 août 2016

FranceAgriMer, l'Institut du végétal ARVALIS et Terres Inovia ont annoncé, dans un communiqué, rendu public aujourd'hui, que les conditions climatiques de fin de campagne très mauvaises dans une grande moitié Nord de la France ont entrainé un niveau de récolte bas, en recul sur la moyenne quinquennale et sur la très bonne récolte 2015. Le retard intervenu dans les moissons, arrêtées dans plusieurs régions par les intempéries et réalisées encore très partiellement dans le Nord de la France au 4 août, souligne le caractère encore estimatif des données de ce communiqué, qui pourront être révisées une fois les moissons terminées.

Alors que la situation des cultures s’annonçait bonne en fin d’hiver, un début de printemps frais a d’abord allongé la phase de montaison des plantes. Le caractère anormalement pluvieux de la fin de printemps et du début de l’été a fortement altéré la croissance des plantes. Si les récoltes sont satisfaisantes dans une bonne partie Sud du territoire, les conditions climatiques exceptionnelles rencontrées dans un large quart Nord-Est (incluant le Centre, l’Ile de France et la Bourgogne), lors des phases déterminantes de floraison et de remplissage des grains ont été fortement préjudiciables aux volumes comme aux qualités des céréales à paille.

Blé tendre : une récolte très hétérogène et un rendement moyen historiquement bas

Les récoltes de blé tendre sont terminées dans le Sud du pays avec des rendements corrects accompagnés d’un bon niveau qualitatif, qu’il s’agisse des poids spécifiques ou des taux de protéines. Au Nord de la Loire, les récoltes sont bien avancées jusqu’en Ile de France. Les rendements y sont faibles en moyenne et très irréguliers. Localement, les rendements peuvent être catastrophiques, de l’ordre de la moitié de la moyenne quinquennale, voire moins.  Les poids spécifiques sont aussi très irréguliers avec des moyennes qui restent faibles. Conséquence probable du nombre faible de grains dans les épis, la teneur en protéine serait élevée à très élevée.

Dans les régions les plus septentrionales, les récoltes ont commencé, confirmant des rendements décevants, des poids spécifiques irréguliers et faibles et des teneurs en protéines élevées, souvent au-dessus de 12 %. La récolte devrait être satisfaisante sur le critère Hagberg, malgré quelques cas ponctuels de temps de chute bas. Les conditions de fin de récolte restent néanmoins à surveiller.

L’hétérogénéité constatée à l’échelle du pays chaque année est encore plus marquée cette campagne entre régions productrices mais aussi dans les parcelles, qu’il s’agisse des volumes ou des qualités. Des opérations d’identification et de tri des lots particulièrement renforcées chez les opérateurs seront nécessaires. En particulier la forte proportion de petits grains va nécessiter un travail de nettoyage et de criblage de grande envergure pour constituer des lots homogènes, satisfaisant aux exigences de l’ensemble des débouchés.

La production de blé tendre est estimée à 29,1 millions de tonnes (contre 40,9 en 2015) pour un rendement moyen de 55,6 q/ha face aux 79,3 atteints en 2015. L’hétérogénéité des pertes de rendement se manifeste par des baisses de 10% à 20% environ dans l’Ouest de la France, mais de 35 % à 44 % dans un large quart Nord Est incluant les régions Centre et Bourgogne-Franche-Comté.

Orges d’hiver: calibrages faibles et teneurs en protéine élevées limiteront les utilisations brassicoles

Les récoltes d’orges d’hiver sont terminées. Les rendements sont globalement satisfaisants dans le Sud-Ouest et moyens à satisfaisants dans l’Ouest. Dans le Nord, le Centre et l’Est, ils sont décevants avec près de 15 q/ha de moins par rapport à l’an dernier.

La qualité brassicole est fortement impactée, quoique dans une moindre mesure dans l’Ouest. Les teneurs en protéines sont élevées, voire très élevées (>11,5 %) dans le grand quart Nord-Est. Les poids spécifiques sont faibles dans l’Ouest à très faibles dans un grand quart Nord-Est. Les calibrages sont partout faibles, même très faibles dans le Centre et l’Est.

Au total, la production est estimée à 7,8 millions de tonnes (10 Mt en 2015) avec un rendement moyen de 55,7 q/ha contre 73,1 en 2015, mais des baisses de rendement de 20 % à 30 % dans la moitié Nord de la France, à l’exception de la Bretagne (-10 %), contre un quasi-maintien dans la moitié Sud.

Orges de printemps

La moisson des orges de printemps est en cours avec des rendements altérés mais néanmoins meilleurs qu’escomptés. La production 2016 est prévue à  2,4 Mt (3 Mt en 2015) avec un rendement moyen de 53,9 q/ha contre 65,5 en 2015.

Blé dur : rendements et qualité hétérogènes

La moisson est terminée pour le blé dur. La situation s’avère extrêmement contrastée entre bassins de production, mais aussi au sein des bassins. Les rendements enregistrés dans le Sud-Ouest sont bons avec des teneurs en protéines parfois justes. Les poids spécifiques sont d’un bon niveau. Des pluies localisées en fin de cycle ont parfois engendré des taux de mitadinage importants mais ce n’est pas le cas général.

L’hétérogénéité des rendements est très marquée dans le Sud-Est, mais les qualités sont bonnes qu’il s’agisse des poids spécifiques ou des taux de moucheture et de mitadinage. Dans le Centre, particulièrement concerné par les épisodes climatiques exceptionnels de l’année, les rendements sont fortement altérés.  Dans le Centre-Ouest, ils sont hétérogènes avec des niveaux de poids spécifiques moyens mais de très bons taux de protéines.  La production française totale est estimée à 1,4 Mt, en recul par rapport à 2015 (1,8 Mt).

Colza: des performances très contrastées

Les rendements moyens sont compris entre 27 et 34 q/ha selon les régions. Ils sont jugés  globalement bons pour la moitié sud et décevants au Nord en toutes régions y compris sur les parcelles à fort potentiel en fin de floraison. Ces résultats dans la moitié Nord s’expliquent par :

  • les fortes attaques d’insectes à l’automne dans de nombreux secteurs qui ont handicapé la reprise de la végétation au printemps ;

  • un excès d’eau fréquent limitant fortement par asphyxie le potentiel des parcelles profondes comparativement aux terres plus superficielles;

  • la présence de maladies de fin de cycle (mycospaerella) sur le Centre et l’Ouest mal maîtrisées par la protection fongicide et surtout par le déficit record de rayonnement pendant la phase de remplissage des siliques.

Sur la base d’un rendement moyen national estimé à 31 q/ha, la production totale de colza devrait avoisiner 4,7 Mt (5,3 Mt en 2015), avec des hausses de rendements en Nouvelle Aquitaine, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et PACA mais des pertes de rendement partout ailleurs.

source: FranceAgriMer

 

Protéagineux: seules les régions du Sud s’en sortent

Le rendement moyen du pois (hiver et printemps) sera historiquement bas cette année. Le pois d’hiver avec des rendements allant de 0 à 30 q/ha en général a été fortement pénalisé par les bactérioses dues au contexte climatique exceptionnel et par les maladies mal maîtrisées qui ont également touché les pois de printemps. Seul le Sud de la France, avec plus de 30 q/ha, obtient des résultats satisfaisants.

La production totale est estimée autour de 0,49 Mt contre 0,66 Mt en 2015. Les rendements sont en forte baisse dans de nombreuses régions (Centre, Ile de France, Bourgogne-Franche-Comté, Normandie, Grand Est). La féverole avec un nombre d’étages de gousses fructifères parfois inférieur de 50 % à la normale a été également très fortement handicapée par les maladies et ne dépasse généralement pas 20 à 25 q/ha de rendement en toutes régions.

 

 

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