Lait : l’attentisme de l'Europe est incompréhensible

  • Création : 13 juin 2016

L'Europe a autorisé chaque état membre à planifier sa production (article 222 de l'OCM - Organisation Commune des Marchés agricoles) depuis avril. Finalement il faudra attendre le prochain Conseil des ministres de l'Agriculture de fin juin pour connaître les éventuelles orientations de régulation de la production laitière. L’OPL (Organisation des Producteurs de Lait) de la Coordination Rurale s’insurge contre ce processus inadapté vu l’urgence de la situation et rappelle tout l’intérêt du Programme de Responsabilisation face au Marché (PRM). « Gagner du temps pour éliminer davantage d'éleveurs n'est pas notre vision de la régulation », explique Véronique Le Floc’h, présidente de l’OPL.

 

Une régulation efficace et peu coûteuse pour l'Europe

Pour revoir les prix partir à la hausse, l’European Milk Board (EMB) et ses organisations membres estiment qu'il faudrait atteindre le plus rapidement possible une baisse de 3 % de la production européenne, alors que l'augmentation sur les 2 dernières campagnes atteint les 10 millions de tonnes, soit plus de 6 %.
Le PRM, proposé par l'ensemble des organisations membres de l’EMB, est un outil simple et efficace de régulation. Il a été retenu comme la meilleure des propositions dans le rapport sur la crise de l'élevage présenté par les députés. Ce dispositif incite en effet les producteurs à baisser leur production d'au moins 5 % sur une première période de 6 mois, en contrepartie d'un bonus financier (300 euros la tonne de lait, montant comparable aux pénalités appliquées lors des dépassements de quotas). A contrario, un malus d'un montant équivalent leur est appliqué s'ils augmentent leur production. Pour préserver le développement des fermes et l'installation des jeunes le PRM prévoit également des adaptations basées sur des cheptels prévisionnels afin de prendre aussi en compte la production à venir des animaux supplémentaires.

Les laiteries doivent jouer leur rôle

Les producteurs seraient des acteurs volontaires et les laiteries devraient s'impliquer, notamment en calculant pour chaque producteur sa référence et en lui versant chaque mois le bonus, s'il peut y prétendre, ou inversement en lui appliquant la pénalité. L'administration aurait pour rôle de contrôler et régulariser les boni-mali appliqués par les entreprises à partir des fonds européens, sous couvert de l'article 226 de l'OCM.

Une véritable stratégie de filière

La multitude d'OP (organisations de producteurs), majoritairement liées aux laiteries, est aujourd'hui contreproductive pour l'avenir de l'ensemble de la filière. Si les OP ont notamment pour mission de négocier le prix du lait, il est urgent, à l'échelle des 9 bassins laitiers français, de créer des AOP (associations regroupant toutes les OP et les coopératives représentées par une association interne de producteurs laitiers), afin de mutualiser l'effort de régulation en se basant à la fois sur l'indice du PRM et sur les données MMO (Milk Market Observatory de la Commission Européenne), sans pour autant empiéter sur les décisions et négociations propres à chaque OP.
Pour être efficace, la régulation ne peut être qu'européenne et le CNIEL doit être le moteur français de cette nouvelle orientation, entre l'échelon européen et les AOP. C'est pourquoi, il est indispensable que les représentants des AOP / OP puissent être intégrés aux groupes de travail du CNIEL sur la stratégie de la filière. A aucun moment, même lors d'une reprise de l'indice du PRM, les OP ne doivent se mettre en concurrence et privilégier un bassin plus qu'un autre.


 Source : Coordination rurale

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