Etat du dossier agricole euro-méditerranéen
- Création : 12 mars 2010
Depuis 2004, la Politique européenne de voisinage (PEV) est l’instrument principal utilisé pour la coopération avec les pays voisins de l’Union européenne (UE), harmoniser quelques réglementations et avancer vers l’objectif d’une intégration économique avec l’UE. La Commission européenne a publié en avril 2009 une série de rapports qui présentent le bilan et les activités récentes de la PEV au cours de l’année 2008. À partir de ces documents, nous tenterons de faire le point, après un bref aperçu de la situation régionale, sur les évolutions des négociations agricoles entre l’UE et les pays partenaires méditerranéens (PPM), ainsi que sur les avancées en matière des reformes sanitaires et phytosanitaires de ces pays.
Un contexte régional toujours agité
Plusieurs événements ont contribué ces derniers mois à nourrir le débat sur la coopération euroméditerranéenne : le lancement de l’Union pour la Méditerranée (UpM), la crise financière internationale et l’accentuation des problèmes sur certains foyers de tensions.
L’UpM, formulée au départ depuis Paris en 2007, s’est progressivement définie comme une volonté de relance d’un Partenariat euro-méditerranéen (PEM) peu dynamique globalement depuis 1995 mais qui avait le mérite d’encadrer la coopération régionale et d’induire certains processus de modernisation et de développement dans la zone. L’UpM s’est ostensiblement concrétisée le 13 juillet 2008 à l’occasion d’un Sommet de chefs d’Etat et de gouvernement euro-méditerranéen totalement inédit par son degré de représentation. Le projet de l’UpM est basé sur 3 principes essentiels : une mobilisation politique d’haut niveau à travers de Sommets organisés tous les deux ans ; une gouvernance sur un pied d’égalité ; une volonté de donner priorité à des projets concrets de dimension régionale stimulant des solidarités de fait. La réunion des Ministres des Affaires étrangères de l’UpM, tenue à Marseille, les 3 et 4 novembre 2008, a permis d’affiner le montage institutionnel en prévoyant notamment la mise en place d’un Secrétariat technique à Barcelone, une participation plus effective de la Ligue Arabe aux réunions et l’identification claire des six premiers grands projets sur lesquels travailler. |
Il s’agit de la dépollution de la Méditerranée, du développement des autoroutes maritimes et terrestres, de la protection civile, d’un plan solaire méditerranéen, de la création de l’Université euro-méditerranéenne de recherche ainsi que de l’Initiative méditerranéenne du développement des affaires.
La mise en place de l’UpM s’est cependant ralentie à la fin de l’année 2008 quand éclata le conflit à Gaza, énième turbulence d’un Proche-Orient toujours plus compliqué où les signaux en faveur de la paix peinent à se manifester. Cette nouvelle crise a provoqué un véritable coup d’arrêt dans la mise en place de l’UpM. Retards techniques, reports politiques et incertitudes sur l’articulation avec les anciennes politiques européennes en Méditerranée : l’UpM n’aura en l’espace d’un an effectué qu’un tout petit pas…bien insuffisant comparé aux attentes nombreuses que ce projet avait suscité dans la région.
A ce panorama politique défavorable s’est superposé ces derniers mois une crise économique mondiale dont les pays méditerranéens n’ont pu échapper. Tous sont frappés par le ralentissement de la croissance, et certains, notamment les pays de la rive Nord, vivent même une période de récession, qui comprime les marges budgétaires, et en premier lieu celles dédiées à la coopération. Déjà complexe, le financement de l’UpM s’est obscurcit et les moyens financiers des Etats pour leurs activités bilatérales avec les PPM se sont réduits.
Malgré une année 2008 difficile, et un début 2009 pas franchement plus propice, il y a eu, selon la Commission, des progrès significatifs dans la mise en oeuvre de la PEV dans plusieurs secteurs, notamment dans les négociations commerciales, les réformes fiscales et douanières et les politiques de concurrence. Au total, en 2008 le commerce avec l’UE (exportations et importations) a progressé par rapport à 2007 dans la plupart des cas, l’UE se maintient comme le principal partenaire économique des pays de la région avec 35% du volume total. Les exportations vers l’UE ont connu une progression à deux chiffres dans le cas de l’Egypte, de la Jordanie et du Liban, mais le déficit commercial persiste en faveur de l’UE. |
Source : Les notes d’alerte du CIHEAM
Intégralité de ce dossier dans le magazine Agroligne N°72...