Secteur de la pêche : ce qui coince
- Création : 27 mai 2008
Le secteur de la pêche au Maroc, c’est 3% du PIB, 16% des exportations et 56% des ventes de produits alimentaires. C’est que le pays est riche en ressources maritimes. Il est classé premier producteur de poissons en Afrique et 25eme à l’échelle mondiale.
Mais bien que gâté par la nature, « le secteur de la pêche reste en déca des potentialités », note la direction des études et des prévisions financières (DEPF), dans son premier rapport d’analyse du secteur des pêches et de l’aquaculture.
Les raisons sont multiples. Et pour s’assurer de toutes les répertorier, la DEPF se livre à une analyse de la chaîne de valeur du secteur. De la production à la commercialisation, les maillons de la chaîne sont passés au crible. Conclusion, « des contraintes persistent à tous les niveaux ».
A commencer par l’appareil de production. « Il reste peu moderne et ne dispose que rarement des équipements permettant de conserver le poisson dans des conditions optimales ». « La qualité des captures se trouve détériorée avant même leur arrivée aux ports ». Mais c’est surtout le marché local qui en petit. Car, des bateaux équipés il en existe. Mais « ils se spécialisent surtout dans la pêche hauturière et destinent leur production exclusivement au marché extérieur ». Tant pis pour le marché local dont « le principal fournisseur » reste la pêche artisanale et côtière dotée d’une flotte des « plus vétustes et à faible niveau de technicité ».
Des carences, il en existe aussi quand il s’agit de débarquer le poisson. « Les infrastructures portuaires restent insuffisants et n’offrent pas les conditions nécessaires pour permettre un débarquement dans de bonnes conditions ». Même la transformation des produits reste perfectible. Mis à part le problème de l’irrégularité quantitative et qualitative de l’approvisionnement, l’industrie de transformation de la pêche est confrontée à un déficit de valorisation des produits. Plus de la moitié des produits de la pêche à transformer ont destinés aux industries de sous-produits (huile et farine de poisson) à faible valeur ajoutée. De même, une part importante des captures est destinée à l’export sans aucune transformation (90% des captures de pélagiques et du poisson blanc). Un chiffre édifiant : 41 % de la capture en tonnage ne représente que 3 % de la valorisation des produits finaux.
Pour boucler la boucle, c’est a commercialisation qui cumule les boulets. Déjà que le Maroc connaît l’un des niveaux de consommation es plus faibles. Celle-ci ne dépasse pas 10 Kg/habitant/an de poissons contre une moyenne mondiale de 16 Kg. Les prix expliquent naturellement ce manque d’engouement. Mais il faut dire aussi que rien n’est fait pour changer les habitudes alimentaires. « La faiblesse du taux de réussite de lancement de nouveaux produits dévoile une politique commerciale des acteurs sans démarche marketing performance », notent les auteurs de l’étude.
A cela s’ajoute, entre autres, un manque d’infrastructures de commercialisation et de circuits de distribution ou encore la non maîtrise de la chine de froid…
L’industrie de la pêche ne se défend pas mieux à l’export.
La structure des exportations par produits révèle la prédominance d’un nombre limité d’espèces (poulpes, calamars, seiches, crevettes, sardines et anchois) et de gamme de produits (conserve et congelés).
De plus, ces exportations restent concentrées sur deux principaux marchés traditionnels, à savoir l’Espagne et le Japon.
Ces deux marchés représentent ensemble 83% de la valeur des exportations et 68% de leur poids.
« Une structure doublement rigide qui reste le principal facteur de faiblesse des exportations du secteur ».
Et même la libéralisation n’y fera rien. « D’autres types de barrières ont été mises en place et ont pris de l’importance ». Les auteurs de l’étude ciblent notamment la réglementation stricte en matière de qualité et de traçabilité « qui affecte sensiblement les exportations marocaines en produits de mer, particulièrement vers le marché européen ».
« C’est dire que les opportunités de développement du secteur des pêches sont énormes ».
D’autant plus dans le contexte actuel, marqué par l’expansion de la demande mondiale des produits de la mer et la stagnation de la production mondiale des captures. La FAO estime que la consommation mondiale de poissons serait de 120 millions de tonnes à l’horizon 2010 contre 75 millions de tonnes actuellement.
Selon le journal « l’économiste »
Source : www.leconomiste.com