L'historique du développement des produits laitiers au Maroc

  • Création : 3 mars 2006
Confrontés à la forte poussée démographique et à l'absolue nécessité de nourrir les villes, les autorités locales se voient contraindre d'élaborer des plans laitiers qui ne seront effectifs qu'au début des années 70 : système d'amélioration du cheptel, schéma de conduite du troupeau et notamment l'alimentation par le développement des fourrages, etc...
Au début des années  soixante, l'industrie laitière proprement dite n'existe pratiquement pas au Maroc, sauf quelques usines privées de faible capacité. Les colons, qui avaient peu investi dans le secteur de l'élevage, n'avaient pas trop réussi dans le secteur laitier. En milieu rural traditionnel, l'autoconsommation est la règle mais les responsables politiques nationaux, confrontés à la forte poussée démographique et à l'absolue nécessité de nourrir les villes, se voient contraindre d'élaborer des plans laitiers qui seront effectifs au début des années 70.
 
La taxation aux frontières du lait en poudre dès 1972, la mise en place d'un dispositif d'aide à la production locale et de collecte du lait, a permis aux usines laitières de s'approvisionner sur place en lait cru (485 millions de litres usinés) auprès de petits producteurs intéressés par un prix de vente à la production attractif. Par contre, le prix à la consommation est resté relativement élevé, freinant les niveaux de consommation très bas. Les importations restent fortes mais ne concernent que des produits dérivés (beurre, fromages). La production nationale n'assure ainsi que la moitié des besoins totaux (taux de couverture, 48 %). Des mini-laiteries se multiplient en ville et commencent à concurrencer sérieusement les circuits industriels dans certaines régions.Par différentes incitations, les politiques laitières se sont donc attachées à intervenir sur 4 secteurs clés :
 
1 - Amélioration du cheptel  : Elle s'est traduite par une politique très active d'importations de génisses, de race Pie Noire et PN Holstein pour la plupart, qui a été dopée par des cours mondiaux assez bas (impact des quotas laitiers européens). Ce cheptel, quelles qu'aient été les craintes du début, c'est plutôt bien adapté aux conditions locales (notamment en irrigué), mais les niveaux de production restent médiocres, autour de 3 500 kg de lait par lactation.
 
2 - Conduite du troupeau et notamment l'alimentation par le développement des fourrages: Le plan laitier était accompagné de mesures destinées à développer  le fourrage, reconnu comme un vecteur essentiel du développement de la production laitière. Les efforts consentis dans ce domaine n'ont connu qu'un succès partiel. Les fourrages cultivés n'occupent qu'une place modeste dans les assolements et beaucoup sont produits en irrigué où la concurrence est forte entre les spéculations (arboriculture, maraîchage, etc.).Par ailleurs, un certain nombre d'obstacles freinaient le développement fourrager :
- la faible diversification du fait de la prééminence de quelques espèces (bersim, luzerne, vesce-avoine, orge en vert)
- la médiocrité des performances animales qui peinent à valoriser de l'énergie coûteuse de ces fourrages en irrigué
- la concurrence exercée par les concentrés importés (orge, tourteaux...) qui tirent vers le bas les produits locaux (sous produits agro-industriels, céréales...), offrant ainsi aux éleveurs des alternatives plus intéressantes que les fourrages.

Malgré le fait que de nombreux éleveurs aient pris conscience de la nécessité de faire du fourrage en irrigué, les chargements sont couramment de plus de 10 vaches par hectare de fourrage, là où il en faudrait moitié moins. On continue à faire du lait " à coups de concentré " en faisant confiance au marché...et à l'Etat qui importe orge, maïs, tourteau de soja et bouchons de luzerne.

3 - Système de collecte du lait : Pour permettre une collecte efficace du lait, il fallait installer un réseau de centres de collecte. L'organisation des éleveurs concernés en coopératives, greffées sur ces centres de collecte, fut ainsi le fer de lance de la politique laitière. En moins de quinze ans, le Maroc a su mettre en place plus de 500 de ces centres coopératifs qui ont pu drainer des quantités importantes de lait vers les usines : 485 millions de litres en 1999, soit 54 % de la production nationale. Les Coopératives/Centres de collecte ont joué un rôle capital dans le développement de la production laitière nationale en permettant l'intégration des petits producteurs qui contribuent majoritairement à l'approvisionnement des villes au sein de cette filière.Seulement, ces coopératives sont très vite devenues le siège d'enjeux politiques et sociaux.

Par ailleurs ne pouvant pas accédées aux crédits bancaires, les coopératives ne disposent que de peu de capitaux pour développer d'autres activités au profit de leurs adhérents. Un autre dysfonctionnement concerne la régularité des apports et le degré de fidélité des éleveurs vis à vis de ces coopératives (Srairi, 1998). Les usines laitières insuffisamment équipées en matériel de stockage et de transformation (poudre de lait notamment) gèrent difficilement les excédents laitiers du printemps et ont pour habitude de refouler sans préavis les apports en provenance des centres de collecte qui bloquent à leur tour les livraisons des producteurs...contraints de passer par les colporteurs. Depuis une dizaine d'années, on voit ainsi monter en puissance des circuits parallèles dits " informels " dans certaines régions, mais en vérité fort bien équipés (camionnettes, bacs réfrigérateurs, boutiques pour la vente en direct de produits transformés...) et organisés pour la collecte directement auprès des producteurs. Incapables de faire face à cette concurrence, certains Centres de Collecte ont fermé. De grandes villes comme Casablanca ou Kenitra sont approvisionnées entre 25 et 30 % par des colporteurs organisés, efficaces et, pour une partie d'entre eux, respectueux de l'hygiène.

4 - Développement du tissu industriel : La conséquence directe du développement du secteur laitier là où il s'est produit fut bien sûr l'émergence d'une industrie laitière active. Les unités de transformation du lait pouvant être de type coopératif ou de statut privé mais le secteur privé domine largement.En effet l'industrie des produis du lait occupe une place importante dans le tissu  agroalimentaire marocain. L'essentiel de la production nationale est collecté par quelques 900 centres de collecte ou directement par les principales industries de transformation, elle a atteint 1,25 Md de litres en 2003, soit une couverture de 90% des besoins nationaux.

  Le secteur de la transformation du lait compte une cinquantaine d'opérateurs.  Il s'agit de sociétés privées, de coopératives et d'une quinzaine de mini-laiteries. Mais il reste peu concurrentiel, surtout concernant la production du lait. La CENTRALE LAITIERE, filiale du groupe ONA et de DANONE, domine le secteur, suivie de sociétés privées: FROMITAL, DOUIET, COMAPRAL, PROLAIT ainsi que 3 sociétés spécialisées dans la production de fromage fondu : SOFRAM, FROMAGERIES BEL MAROC, et FROMAGERIES DES DOUKKALAS (filiale de la CENTRALE LAITIERE); Et une vingtaine de coopératives: COPAG, COLAINORD, BON LAIT, EXTRALAIT, SUPERLAIT.

 

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