Aziz SBAI, Regoverning Markets

  • Création : 15 juillet 2007

Comment permettre aux petits producteurs d'intégrer les marchés émergents et dynamiques au Maroc ?

Agroligne : Pouvez-vous nous présenter regoverning markets ?

M. Aziz SBAI : Le programme international multi-bailleurs appelé « Regoverning Markets » travaille dans 9 régions du monde (Amérique du sud, Europe du sud, Europe de l'est, Asie du sud-est, Afrique sub-saharienne... et puis avec une petite année de retard en Afrique du nord et Afrique de l'ouest).

Son objectif est de comprendre les facteurs pouvant faciliter l'intégration des petits et moyens producteurs dans le commerce moderne structuré, ce dernier connaissant un développement rapide dans les pays en développement et à revenu intermédiaire. Il s'agit également de voir comment les acteurs leaders du système agroalimentaire tels que les industries agroalimentaires ou les chaînes de distribution peuvent être des partenaires de développement.

Pour simplifier, regoverning markets est une plate-forme sur laquelle différents groupes et régions du monde travaillent ensemble, en partant du constat très simple que la libéralisation des échanges est là, et qu'elle s'accompagne d'une très forte concentration amenant la marginalisation des petits producteurs.
En effet, malgré l'abondance des circuits traditionnels, la grande distribution n'hésite pas à s'implanter et à s'imposer en tant que leader avec des exigences nouvelles pour ses fournisseurs. Il faut donc prendre conscience de ce phénomène et se préparer pour éviter l'exclusion de tous ces petits producteurs.

Agroligne : Quelles ont été les premières actions de regoverning markets au Maroc ?

M. Aziz SBAI : Nous avons commencé le travail il y a un an et demi au Maroc, avec un peu de retard, mais nous avons mis les bouchés doubles et nous avons réussi à nous atteler à l'ensemble des groupes de recherches. Nous avons fait une première évaluation, un état des lieux de la grande distribution, de l'industrie agroalimentaire, des marchés de gros et des structures locales (distribution de quartier). On s'est alors aperçu que sur les quinze dernières années, les grandes surfaces se sont démultipliées, en commençant par les grandes agglomérations (Casablanca, Rabat...) pour s'étendre en suite dans les villes de 100 000 habitants.

La répartition spatiale se confirme, mais on s'aperçoit aussi que les petits producteurs s'organisent en groupe de pression pour arrêter cet élan, ou du moins pour défendre leurs intérêts. Il essayent ainsi de mobiliser les institutionnels, l'état pour trouver une issue notamment par leur modernisation. Le Ministère du Commerce au Maroc vient de lancer à cet effet un programme assez ambitieux de modernisation sous forme de supérettes pour les épiciers du coin. Il y a des facteurs liés également à l'amélioration des revenus, à la variable de préférence de consommateurs. Bref il y a un mode de vie qui change rapidement et auquel il faut faire face.

D'autre part, pour être convaincant, nous avons procédé à une étude de cas du secteur laitier, auprès d'une coopérative de production de lait et ses dérivés (regroupement de 13 000 producteurs de différentes tailles) dans le sud du Maroc. Cette coopérative a réussi à intégrer la grande distribution avec une gamme de produits assez diversifiée et qui concurrence aujourd'hui la filiale de Danone, qui par le passé avait le monopole dans les réseaux de distribution. Cette coopérative est un cas de réussite pour les petits producteurs, prouvant ainsi qu'il n' y a pas de fatalisme et de raisons à leurs exclusions, et qu'ils sont au contraire capables d'introduire des innovations afin de s'aligner avec les plus grands.

Agroligne : Pouvez-vous nous parler du séminaire multi-acteurs qui s'est déroulé à rabat du 13 au 15 mars 2007, et qui s'est intitulé « Comment permettre aux petits producteurs d'intégrer les marchés émergents et dynamiques au Maroc ? ».

M. Aziz SBAI : Nous avons en effet organisé un séminaire du 13 au 15 mars 2007 à Rabat, afin de réunir et de créer une synergie entre les différents partenaires (producteurs, distributeurs, institutionnels et chercheurs), mais aussi afin de réfléchir ensemble à cette problématique et d'y trouver des solutions qui ne seraient pas parachutées, mais qui seraient l'expression de toutes les préoccupations.

Intégralité de l'interview dans le Magazine Agroligne N°57...

Articles Populaires

LE SIMA SE REINVENTE !...
  • Création : 12 septembre 2019
On the road to IPACK-IMA 2021 : feu sur...
  • Création : 15 décembre 2019

Articles Pour vous