L' Agriculture Euro-Méditerranéenne

  • Création : 15 mai 2007

 

Pour une politique agricole et rurale euroméditerranéenne dans un cadre mondialisé. Par Guy Giva, Président du Comité Méditerranéen de la FIPA*

La méditerranée passionne autant qu'elle inquiète.
L'agriculture méditerranéenne, forte d'une tradition ancestrale, est emprunte d'un fort ancrage identitaire. De façon générale, elle joue un rôle fondamental pour le maintien des équilibres des territoires de la région et contribue à fixer les populations rurales dans l'arrière pays. Près de 40 millions de méditerranéens travaillent dans le secteur agricole. Aussi, la qualité des produits agricoles de la Méditerranée (huile d'olive, fruits et légumes, fromages, vins ...) et leurs bienfaits sur la santé sont mondialement reconnus.
 

Depuis la tenue de la première conférence euro-méditeranéenne sur l'agriculture en 2001, qui a remporté un franc succès, le contexte politique de la région a fortement évolué : élargissement de l'UE, entrée en vigueur des accords d'association pour la Jordanie, l'Egypte, l'Algérie et le Liban, signature pour la Syrie. Aussi, plus de dix années se sont écoulées depuis la signature de la déclaration de Barcelone et le formidable enthousiasme qu'elle a suscité de part et d'autre de la Méditerranée.
Quelques actions encourageantes telles que la Conférence ministérielle euro-méditerranéenne sur l'agriculture qui s'est tenue en 2003 à Venise ont démontré le regain d'intérêt pour un secteur longtemps marginalisé par l'accord de partenariat euroméditerranéen (PEM).

Et pourtant, nul ne peut ignorer le bilan mitigé du processus de Barcelone, intervenu lors du 10ème anniversaire de sa signature. Ce bilan a notamment mis en avant le manque de considération du volet agricole dans les accords de partenariat euro-méditerranéens. 

Aujourd'hui, la situation en Méditerranée est malheureusement alarmante. Les écarts de développement économique et de revenus ne cessent de se creuser entre les deux rives du Bassin. Les fractures sont multiples et se retrouvent à plusieurs niveaux : démographique, sociales, environnementales, économiques et politiques. Si l'on reste spectateurs de cette situation, les disparités ne cesseront de s'accroître et la pauvreté de s'aggraver.

Il y va donc de la stabilité et de la paix dans la région. Les enjeux qu'ils soient sociaux, environnementaux ou politiques sont tels que nous nous devons de renverser cette tendance. Nous nous devons d'agir et au plus vite !

Pour ces raisons, il était grand temps de réitérer l'exercice du dialogue entre parlementaires, agriculteurs et autres représentants des instances européennes pour faire le bilan de ce partenariat et esquisser, ensemble, les prémisses d'un plan d'action pour l'avenir de la région. Il est grand temps de raviver l'esprit de Barcelone et de réfléchir à une nouvelle stratégie de développement globale pour la Méditerranée afin de mettre en place une véritable politique commune. En ce sens, la 2ème conférence euroméditerranéenne sur l'agriculture tombe à point nommé.

   L'agriculture doit impérativement être reconnue comme un axe de coopération majeur pour mener à bien le projet de partenariat euro-méditerranéen. En effet, sans développement agricole, la pauvreté peinera à diminuer. L'agriculture a la capacité de créer les conditions d'un développement durable pour la région.

Aussi, le rôle des organisations agricoles est important pour accompagner ce développement au service de l'agriculteur et du développement des zones rurales. Elles doivent également pouvoir influer sur les décideurs politiques et se placer en force de proposition pour que les spécificités de l'agriculture méditerranéenne soient prises en compte. Les organisations d'agriculteurs doivent également pouvoir participer aux processus de décision les concernant.

Or elles ne peuvent y parvenir qu'à la condition de renforcer leurs capacités. La Politique Européenne de Voisinage (PEV) , à travers son nouvel instrument de mise en oeuvre l'ENPI, ainsi que les gouvernements nationaux dans chacun des pays de la région, doivent fournir les conditions d'un environnement favorable pour leur permettre d'y parvenir.

À Strasbourg, les agriculteurs ont fait passer des messages forts. Concernant les questions commerciales, ils se sont positionnés en faveur d'une ouverture progressive maîtrisée par des mesures d'accompagnement pour parvenir à une Zone de libre échange euro-méditerranéenne viable. L'UE par la voix de son commissaire à l'agriculture Mme. Fischer Boel s'est montrée en faveur d'un processus asymétrique pour laisser un temps d'adaptation aux pays du sud et de l'est du bassin de se mettre à niveau. Les participants ont opté pour la redéfinition d'une politique de développement rural novatrice, pour un nouveau pacte rural.

Il est clairement apparu lors des échanges que l'identité méditerranéenne des productions pouvait être préservée grâce à des filières de production bien organisées, au développement de systèmes de labellisation voire de la mise en place d'une structure de réglementation euro-méditerranéenne.

Le maître mot ressorti de ces échanges fructueux est sans nul doute celui de la coopération. La coopération entre les différentes parties prenantes comprenant les représentants des gouvernements nationaux, des instances européennes et des organisations agricoles. Un dialogue régional s'est instauré et il est important de le poursuivre dans un futur très proche en formant un cadre de concertation permanent. Celui-ci est indispensable pour concevoir une région Méditerranéenne forte, stable et prospère pour tous.

Intégralité de cet article dans le Magazine Agroligne N°56 ou sur le site Internet de la FIPA

 


 

 La FIPA : organisation mondiale des agriculteurs

  * La Fédération Internationale des Producteurs Agricoles (FIPA) est l'organisation mondiale des agriculteurs.
Créée en 1946, elle représente plus de 600 millions d'exploitations agricoles familiales regroupées au sein de 115 organisations nationales dans 85 pays. La FIPA jouit d'un statut consultatif général auprès du Conseil Économique et Social des Nations Unies.

Vision et mission
La vision de la FIPA : « Vivre dans un monde libéré de la faim, où les agriculteurs et leurs familles peuvent vivre décemment du fruit de leur travail. » La FIPA a pour mission de développer la capacité des agriculteurs à influer sur les décisions les concernant aux niveaux national et international. À travers ses actions, la FIPA contribue à garantir une coopération plus poussée entre les organisations agricoles afin de satisfaire au mieux les exigences nutritionnelles et de consommation des peuples du monde et oeuvre à l'amélioration du statut économique et social de tous ceux qui vivent de la terre.

Les objectifs de la FIPA
> Servir de forum au sein duquel les dirigeants des organisations nationales d'agriculteurs peuvent se rencontrer pour :
 - Identifier les intérêts mutuels et coordonner une action visant à poursuivre ces intérêts ;
 - Approfondir la compréhension des problèmes mondiaux et
 - Échanger des informations, des expériences et des idées.
> Tenir ses membres informés des événements internationaux présentant un intérêt pour eux en qualité d'organisations d'agriculteurs.
> Servir de porte-parole reconnu des agriculteurs du monde entier et souligner leurs difficultés aux membres des gouvernements et autres organismes lors des réunions internationales.
> Promouvoir la création et renforcer les organisations agricoles représentatives, indépendantes partout dans le monde.

 

Articles Populaires

LE SIMA SE REINVENTE !...
  • Création : 12 septembre 2019
On the road to IPACK-IMA 2021 : feu sur...
  • Création : 15 décembre 2019

Articles Pour vous